L'État de Ségou et ses chefferies aux XVIIIe et XIXe siècles
Côté cour, côté jardin
Le profil atypique du royaume de Ségou (Mali) aux XVIIIe et XIXe siècles a suscité de nombreux travaux d'historiens, que l'ouvrage de Moussa Sow vient aujourd'hui compléter à travers une analyse novatrice des rapports entre le Centre et sa périphérie, et plus particulièrement du rapport paradoxal entretenu entre les chefferies périphériques et le pouvoir central. En conjuguant une réflexion théorique constante à un minutieux souci du détail, il réexamine à l'échelle locale et dans un spectre quasi microscopique les notions classiques de l'anthropologie politique (chefferie, esclavage, périphérie, guerre et de paix, et bien sûr État) par une lecture novatrice et profitable à la connaissance des formations étatiques précoloniales bien au-delà de Ségou. La force de ce texte doit beaucoup au croisement de ses sources. Ayant recours aux importants écrits connus sur Ségou, l'auteur les confronte à la diversité des sources de la transmission orale dans des espaces restreints, éclairant en même temps les rapports des répertoires locaux à la trame centrale de transmission et de reconstruction des récits autour du champ politique de l'État de Ségou, et les apports de la mémoire périphérique aux institutions et aux pratiques de pouvoir de l'État central. En ramenant le langage, et plus particulièrement les textes négligés des traditions orales périphériques, au coeur de l'anthropologie politique, l'ouvrage de Moussa Sow constitue une contribution majeure à l'histoire de l'Afrique de l'Ouest précoloniale.