Saint-John Perse entretint un abondant courrier avec un grand
nombre de personnalités du monde littéraire international. Dans
ce volume nous présentons sa correspondance avec deux des
plus grands poètes américains du vingtième siècle : T. S. Eliot
(1888-1965), lauréat du prix Nobel de littérature en 1948,
et Allen Tate (1899-1979), critique et directeur de la Sewanee
Review. Pendant un demi-siècle, les trois poètes s'écrivirent et se
retrouvèrent. Leurs lettres, en anglais et en français, dispersées
entre l'Amérique, l'Angleterre et la France et en grande partie
inédites, se trouvent ici rassemblées et traduites pour la première
fois. Cette correspondance à trois voix se prolonge et s'enrichit
de pages où Eliot et Tate s'adressent à des tierces personnes et
s'adonnent à des commentaires sur le «mélancolique Gaulois»
qu'ils ne pourraient pas lui faire directement. Ces échanges offrent
un contrepoint tour à tour touchant et amusant à la correspondance
plus formelle entre hommes de lettres. Prises ensemble, ces lettres
constituent une chronique de plusieurs vies qui s'enchevêtrent
à l'horizon des courants littéraires, politiques et sociaux de leur
époque. Elles révèlent les curieuses démarches qui menèrent au
prix Nobel de 1960 et nous permettent d'entrer dans des amitiés
d'une surprenante générosité, sans être exemptes de péripéties et de
mystères. À travers ces échanges nous participons à la conversation
entre trois grands poètes, avec tout ce qu'elle comprend d'ombres et
de clartés, d'affections et de déceptions, de paroles et de silences.