La Correspondance Alexandre Vialatte-Henri Pourrat dont la publication s'ouvre aujourd'hui est un ensemble épistolaire quasi inédit, constitué de plus de mille lettres qu'échangèrent, entre 1916 et 1959, Alexandre Vialatte (1901-1971) et Henri Pourrat (1887-1959). Confiée à un groupe de sept chercheurs, préparée sous la direction conjointe de Dany Hadjadj et de Robert Pickering, cette édition constituera grâce à ses inédits et à l'importance de l'apparat critique qui les accompagne - présentation, annotation, annexes, index, illustrations, chronologies, etc. - un document de référence indispensable. Il renseignera aussi bien sur la vie de deux écrivains souvent peu connus, voire méconnus, que sur la vie littéraire de la première moitié du XXe siècle. Celle-ci - relations auteurs-éditeurs, revues, prix littéraires... - est en effet saisie de l'intérieur, à travers la vision sans concession de deux de ses acteurs qui échangent en toute franchise leurs avis et leurs expériences.
Les Lettres de collège (1916-1921) inaugurent à point nommé cette publication importante : on célèbre en 2001 le centenaire de la naissance de Vialatte. Ces premiers écrits - documents dissymétriques puisque les lettres de Pourrat écrites à cette époque ont été perdues - permettent de découvrir le jeune Vialatte, élève de l'école libre Notre-Dame de Mont-Roland à Dole (39), puis de l'institution Sainte-Geneviève à Versailles (78), qui devient répétiteur au collège de Thiers (63) puis d'Ambert (63), tout en suivant des cours à l'Université de Clermont-Ferrand (63). Révélatrices des mentalités du début du XXe siècle, les Lettres de collège sont un témoignage indispensable sur la genèse d'une personnalité et d'une écriture. On devine, en filigrane, sous les premiers essais épistolaires du collégien chimérique, la genèse de l'imaginaire étrange du romancier aussi bien que l'étonnante agilité d'écriture du futur chroniqueur.