Tout va mal, et les Français sont encouragés à considérer l'Europe et sa
monnaie unique comme la source de tous leurs maux. Par l'abstention ou
le vote protestataire, ils sont tentés de saboter tout ce qui a été construit
depuis quarante ans.
Cette situation révolte Jean Arthuis, bien qu'il en comprenne les causes :
l'ineptie d'avoir doté des pays avec des économies aussi disparates que
l'Allemagne et la Grèce d'une monnaie unique ; la frénésie d'élargissement
qui aggrave le problème année après année ; l'hypocrisie et la veulerie des
gouvernements de l'Union, dont celui de la France, qui s'emploient à
rendre inopérant un système qu'ils font mine de défendre en faisant de
l'Europe le bouc émissaire commode de tous leurs échecs.
Mais revenir à une France isolée et sortir de l'euro n'est tout simplement
pas envisageable : qu'on le veuille ou non, l'économie s'est mondialisée, et
de surcroît, notre énorme dette publique est libellée en euros. Un franc
dévalué précipiterait le pays dans l'abîme, n'en déplaise aux irresponsables
qui font miroiter cette fausse solution.
Si le salut ne peut venir d'un repli sur soi, le fonctionnement de l'Europe
doit en revanche être radicalement transformé. Avec sa lucidité et son
franc-parler coutumiers, Jean Arthuis affirme que la France ne peut s'en
sortir seule. L'Europe est sa dernière chance, à condition qu'elle se
requalifie en se réformant elle-même et fasse de la zone euro l'embryon
du fédéralisme européen. La métamorphose de l'Europe conditionne sa
vocation de puissance mondiale.