Pourquoi identifions-nous spontanément toute oeuvre d'art à une
représentation ? D'où provient cette assimilation ? De la Poétique.
Pourquoi cependant continuons-nous à trouver dans le texte
d'Aristote la vérité de toute oeuvre ? Tout art est-il représentatif ?
De fait, dans sa production comme dans sa réflexion, l'Art
nous impose de renoncer au désir aristotélicien. Se délivrant
de cette longue fascination, la philosophie doit dorénavant
élaborer une esthétique des arts réels. L'Art n'est pensable dans
sa spécificité (son excès de l'eïdos) qu'à la condition de cette
rupture. Seule l'injonction néo-aristotélicienne du poétique ou
désir d'impuissance enferme l'art dans la représentation. La
même impuissance nous fait aimer notre initiale complaisance
dans la figure. La philosophie ne libérera la compréhension de
l'art, comme de l'être, que par l'abandon de ce désir de clôture.
Comment parviendrons-nous donc à nous délivrer du désir
représentatif - et par là à consentir à la puissance à l'oeuvre en
toute activité véritable (art et philosophie), c'est-à-dire au désir
d'immensité ?