Les «Tableaux parisiens» sont à la fois l'élaboration d'une théorie esthétique et l'application de cette même théorie. La présente étude se propose de découvrir, à travers l'image holographique restituée petit à petit, les faces multiples du génie de Baudelaire en tant que créateur de la poésie et théoricien de l'art.
Les «Tableaux parisiens», conçus comme devant être plus objectifs et plus réalistes que les autres, sont en fait parmi les plus personnels et les plus intimes. Dans ces poèmes, le poète semble plus préoccupé d'enfouir les images et les figures dans le souvenir et la méditation que de les orner et de les peindre. En transposant la ville en «tableau», la création politique transpose la valeur matérielle en valeur morale, les expériences de la vie quoditienne en expériences esthétiques à valeur universelle. Le poète conduit ainsi le thème de Paris vers son statut vraiment poétique et ouvre la voie vers un nouveau lyrisme urbain.
L'expérience vécue par Baudelaire dans le Paris moderne est essentiellement marquée de spleen et de souffrance. Et de cette expérience souffrante naîtra une esthétique qui lui est propre.
Baudelaire sait unir la sensibilité esthétique à la conscience critique, la vertu de la poésie à celle de l'intelligence. L'expérience esthétique du poète dans les «Tableaux parisiens» montre que la poésie peut être introduite comme mode de pensée et facteur de révélation.