L'héritier
Quand il apprend le décès de son mentor Josip Brik, le philosophe spécialiste du métadiscours sur Hitler, Friso de Vos est anéanti. Profitant de sa détresse, un certain Philip de Vries, inconnu total, occupe alors le devant de la scène, multiplie les apparitions télévisées et devient le successeur de Brik aux yeux du monde entier.
Refusant de se laisser reléguer au second plan, Friso se rend à Vienne pour un colloque, bien décidé à montrer qu'il est le seul vrai connaisseur de l'oeuvre de Brik et son unique dauphin. Mais quand on le confond avec l'imposteur, Friso décide de se prêter au jeu.
Se jouant de la culture universitaire, mêlant références littéraires et culture pop, le roman nous entraîne dans l'univers de l'intelligentsia internationale où la réalité compte moins que ce qu'on en dit. Une satire universitaire cinglante, un conte absurde extrêmement érudit.
« Brik ne s'intéressait pas à notre imagination ou à notre imaginaire, mais à notre pouvoir de fantasmagination. Ce sont deux choses différentes.
Au cinéma, ce qui le fascinait, c'était la reviviscence du passé, c'est là qu'il y avait selon lui une urgence - dans l'Illustration d'un fait réel faisant illusion. La Liste de Schindler. « D'abord il y a eu la guerre, puis il y a eu le récit de la guerre. La guerre était grave, mais le récit qu'on en a fait l'a rendue bien plus grave encore. »
La différence entre la guerre et la narration à laquelle elle avait donné lieu était colorée par notre pouvoir de fantasmagination. Avec tous les excès, tous les déplacements, tous les oublis... Voilà de quoi Brik parlait ! Pas de l'imaginaire ou de l'imagination !
Ça, c'était les tours blanches de Gondor chez Tolkien, les licornes qui galopaient sous des arcs-en-ciel, et toutes ces fadaises qui n'intéressaient nullement Brik. »