Construit sous les dehors d'un récitatif découpé en soixante unités de lecture - qui le disputent à la durée - L'Heure Liguée poursuit le cheminement engagé depuis Le Gramophone d'Ingres.
Poétique agencée pour le théâtre du dire, l'écriture s'y déploie, saisie et assumée comme rythme propre, d'emblée exposée à la compréhension de la finitude. Elle tente de faire retour sur les strates de mémoire à l'instant même de la marche. Ses horizons coïncident avec la mise en crise d'un sujet. La réfraction des analogies informe une parole qui fait irréversiblement signe, puisque chaque évocation, restée secrète bien que transcrite, prend la mesure du passage où se nouent la vie, le langage et l'histoire. La recherche poétique, comprise comme le lieu par excellence, s'inscrit à l'aune de la quête du sens. D'un lyrisme sobre et retenu, le cisèlement du texte réitère les inflexions d'une voix attentive à la vision intérieure du monde. Le parti pris d'une langue mêlée vise à solliciter chez le lecteur élu la part qui est la sienne.