Au début, des notes éparses, juste pour ne pas oublier. Puis, au fil des heures passées au chevet de mon père, la trame d'un récit qui ne peut être écrit qu'à la première personne. Rien de plus commun, rien de plus singulier.
Ernest aimait les arbres comme les paysans aiment leurs bêtes ; il les reconnaissait de loin, il savait en évaluer la taille, l'âge, la santé, le cubage, avant de les couper, de les débiter en planches. Ses amis disaient de lui : « C'est un drôle. » Il a été pour moi celui qui se levait tôt, rentrait tard, bruyant et affairé. Un père lointain.
Tandis que je l'aide à retarder l'heure de sa mort, que sa mémoire s'effrite et qu'il perd jusqu'au goût de la géographie, vient l'ultime moment pour tenter de résoudre l'énigme d'une vie.