Libres propos d'un inclassable
Un bon aphorisme se passe de commentaires. S'il brille trop, il n'éclaire pas assez. S'il brille insuffisamment, il n'éclaire plus. Ceux de Philippe Bilger ne dérogent pas à la règle. Piquants, grinçants, désinvoltes, noirs, légers, attendris ou politiques, ils dessinent en creux l'autoportrait tourmenté de l'auteur, sous un jour pas toujours flatteur, ce qui plaide en faveur de sa sincérité. Non pas des feuilles mortes, mais un rameau vivant de pensées iconoclastes. L'ancien magistrat s'y juge, l'ex-procureur s'y sermonne, le désormais chroniqueur s'y ausculte et dresse un tableau pointilliste, en clair-obscur, de notre temps. Il nous rappelle combien l'on dit de soi en disant des autres - parfois en médisant. Mais toujours, il reste juste, avec lui et avec ses semblables, selon une échelle des peines proportionnée, qui a frappé tous ceux qui l'ont côtoyé.