Est-il utile aujourd'hui de porter un regard scientifique sur le passé de la
norme en matière d'environnement ? La norme environnementale est-elle
efficace ? Pour y répondre, le groupe d'Histoire du droit des colonies
a choisi, ici, d'étudier les effets du droit aussi bien sur les terres et les
hommes de l'espace colonial français (mise en ordre, modélisation,
instrumentation), que de la métropole (héritage, expérience). Une démarche
historique, comparatiste et transdisciplinaire a été élaborée afin d'analyser
les principales problématiques dégagées : «écocide», antagonisme
protection-exploitation, processus de résistance et d'adhésion des peuples
et populations, «indifférence» de la pensée économique à l'environnement,
actualité du biopouvoir. Les auteurs ont ainsi cherché à combiner différentes
approches méthodologiques, postes et focales d'observation. En arpentant
l'Afrique, Madagascar, le Liban, la Guyane ou la France, territoires marqués
par leur diversité, leur histoire et des statuts hétérogènes, ils ont nourri
des études de cas et mis en résonnance un certain nombre de thèmes
déterminants : construction, restructuration, fractionnement et soustraction
de territoires (réserves intégrales, aménagement de l'espace métropolitain),
protection et administration des ressources (droit forestier, droits de chasse
et de l'eau), appréhension de l'altérité, appropriation et «sécurisation» du
foncier (système concessionnaire), influence des facteurs économiques sur
la gestion des nuisances industrielles. Il faut espérer que cette expérience
chorale, forte de ses premiers résultats, conduira ses lecteurs à s'interroger
sur la capacité des hommes à produire un droit pour l'avenir car c'est aux
frontières du temps, de l'espace et de l'esprit que celui-ci se recompose.