«Ne pas écrire un journal, ne pas tomber dans la chronique, ne pas tenir le registre de mes premiers mouvements, ne pas fixer chacune de mes impressions, ne pas thésauriser mes humeurs, mais déchiffrer comme l'énigme du Sphinx chaque interpellation par les circonstances. Remplacer l'éternelle question "Qu'est-ce que... ?" par l'inlassable question "Qu'est-ce qui se passe ?". Extraire le mémorable du flot de l'actualité. Tenir les détails en haute estime. Chercher la vérité dans ce qui apparaît et non derrière les apparences. Confronter sans relâche la fatalité des processus à l'imprévisibilité de la conjoncture. Renoncer, pour interroger les événements, au désir de surplomber une fois pour toutes l'histoire... Voilà les principes que j'ai essayé de mettre en œuvre tout au long de la première année de ce qu'il est convenu d'appeler le troisième millénaire.»