Anne-Catherine avait appris à ouvrir une porte
comme on apprend la valse ou les arts de la
table, dans le souci de marquer son rang. Elle
y avait mis ce qu'il fallait d'impatience et de
sécheresse pour faire comprendre au visiteur :
Vous êtes ici chez moi, mon cher monsieur. Si
je veux, je vous chasse.
Sa poignée de main, courte et sûre, était celle
d'une sportive. Je l'imaginai montant à douze ans
des chevaux nommés Hoola-Hop, Confiture, ou
Zarathoustra.
- Mille et une excuses, je vous ai fait attendre
! Vous voulez bien me pardonner ?
Ses excuses sonnaient si faux que du coup
elles étaient d'une franchise absolue : Vous avez
droit à des excuses de façade, mon bon monsieur.
Vous ne vous attendiez pas à ce qu'elles
soient sincères ?