C'est l'histoire d'un continent enseveli, d'une véritable
langue commune, la lingua franca, disparue au fil du
temps avec les conquêtes coloniales, au XIXe siècle, puis,
avec les constructions politiques nationales, au XXe siècle.
C'est l'histoire d'un lien, profond, vivant, multiple et
changeant qui réunit durant au moins quatre siècles,
autour d'une "même" langue, l'Europe et l'Islam.
Certes, comme nous l'apprend l'auteur, Jocelyne
Dakhlia, "parler une même langue n'est pas parler d'une
même voix". Mais cette langue commune n'a cessé de permettre
l'échange, y compris dans la guerre de course en
Méditerranée, comme parmi les captifs et les renégats.
C'est l'histoire, très largement inédite, d'un lieu médian.
A l'heure où l'on ne parle plus que de frontières entre les
civilisations, "véritables cicatrices qui ne guérissent pas"
selon Fernand Braudel, voici une nouvelle lecture du
monde méditerranéen.
C'est l'histoire d'une autre Méditerranée, qui nous
raconte les lieux de la mixité, de la contiguïté et des interactions
entre les hommes et les femmes qui vivent de part
et d'autre de cette mer entre les terres.
C'est l'histoire bien vivante d'une langue morte, qui a
laissé de profondes empreintes.
C'est l'histoire exemplaire et fondatrice d'un livre
événement qui va changer pour longtemps notre vision
des relations entre les langues et les cultures de la Méditerranée.
T. F.