Si les expériences de la guerre de 1914-1918 nous frappent encore si puissamment, ce n’est pas seulement en raison de l’acharnement des combats sans cesse rejoués ou du nombre effarant d’individus tués. C’est aussi, comme le souligne Freud, parce que cette guerre mondiale a mis à nu la jouissance du meurtre au plus profond du Moi et l’irrépressible désir de faire mal, son retour incessant dans l’histoire et la volonté de fuir dans des postures illusoires. Ces enseignements freudiens nous permettent aujourd’hui de comprendre plusieurs dimensions de la « mentalité radicalisée » des soldats de l’Etat islamique : leur volonté de rétablir par la guerre l’origine du monde pour mieux s’unir en Dieu ; celle de faire couler le sang pour mieux retrouver une unité initiale à jamais perdue ; la liquidation de toute altérité au prétexte d’extirper tout péché dans l’histoire.
Qu'en est-il, aujourd'hui, de cet inlassable désir de meurtre ?