Exposé d'une théorie générale de la «représentation», L'intentionalité
de John Searle ouvre un nouveau front dans la controverse entre philosophes,
psychologues cognitifs, spécialistes de l'intelligence artificielle
et des neurosciences concernant le statut des états mentaux. Dans ses
deux précédents livres (Les actes de langage et Sens et expression),
l'auteur proposait une perspective inédite d'analyse du langage appelée
à connaître une large notoriété. Mais l'un comme l'autre affirmaient en
même temps que la philosophie du langage n'est pas autre chose
qu'une branche de la philosophie de l'esprit : les actes de langage sont
une des formes de l'action humaine et ne constituent qu'un des exemples
de la capacité immanente à l'esprit de mettre l'organisme humain
en rapport avec le monde. Le présent ouvrage porte sur ces capacités
biologiques fondamentales et fournit par là même les justifications philosophiques
des deux autres. Considérée comme le trait radicalement
distinctif des phénomènes mentaux, l'intentionalité fait l'objet d'un
réexamen qui porte successivement sur la perception, l'action, la causalité,
le sens et la référence. John Searle suggère en ces matières des
solutions originales (aussi peu conformes à la tradition continentale des
philosophies de la conscience qu'aux thèses les plus courantes de la philosophie
analytique anglo-américaine) et expose en conclusion une
«dissolution» du problème des rapports entre le corps et l'esprit.