Comment la hiérarchie, avec tous ses échelons intermédiaires entre ouvriers et dirigeants, a-t-elle été inventée? Comment et pourquoi a-t-elle acquis les traits modernes que nous lui connaissons aujourd'hui? Dévoilant les limites des réponses en provenance de l'économie, cette enquête conduit à revisiter l'histoire du travail et l'histoire des entreprises, et à construire une théorie originale qui s'appuie sur des comparaisons de longue durée à divers niveaux (ateliers, entreprises, secteurs industriels, pays).
La hiérarchie telle qu'on la connaît n'a pas toujours existé. Pendant toute la Première Révolution industrielle, elle est réduite dans les grandes entreprises à d'infimes effectifs et son rôle ne réside pas dans la supervision du travail. Pour le comprendre, il faut notamment revenir sur les formes de la division du travail, en réalité éloignées du célèbre modèle d'Adam Smith.
L'ouvrage analyse ensuite les processus multiples de "la grande transformation hiérarchique" qui bouleversera travail et entreprise au cours de la Seconde Révolution industrielle. Il offre une alternative convaincante à la théorie de Williamson sur l'essor de la hiérarchie. Modifiant certaines idées reçues sur l'histoire du travail et sur la formation des grandes entreprises, il instaure un rapport critique aux œuvres de Marx et de Chandler.
Sur ces bases, et nourri de son expérience des transformations contemporaines des entreprises, Philippe Lefebvre propose in fine les bases d'une théorie des processus de rationalisation par lesquels, aujourd'hui encore, les entreprises poursuivent leur invention.