Vers 3200 avant notre ère, l'histoire de l'humanité connut un
tournant radical : l'écriture fut inventée à Sumer. Pendant plus
de trois mille ans, la civilisation mésopotamienne fit un usage
intensif du cunéiforme, dont témoignent les centaines de milliers
de tablettes d'argile découvertes à ce jour ; elles renseignent sur
toute la société, des rois jusqu'aux esclaves.
Qui était alors capable de lire et d'écrire ? Pas uniquement des
scribes professionnels : la connaissance de l'écriture était aussi
le fait des élites. On a découvert des archives non seulement
dans des temples ou des palais, mais aussi chez de nombreux
particuliers, qui gardaient à domicile leurs «papiers de famille».
Les bibliothèques (ainsi celle d'Assurbanipal, à Ninive) n'étaient
pas tant destinées à conserver le savoir de l'époque qu'à fournir
des instruments de référence aux différents spécialistes de la
religion (devins, exorcistes, chantres). L'écrit servait également
à communiquer avec l'au-delà : des messages adressés aux dieux
et à la postérité étaient enfouis par les rois dans les fondations
des bâtiments qu'ils édifiaient... L'auteur restitue ces différents
usages (également marchands et diplomatiques) de façon aussi
précise qu'éclairante.