Ce livre est la réédition d'un ouvrage paru en
2004 à la BPI du Centre Pompidou. À partir
d'une analyse secondaire des grandes enquêtes
menées sur les pratiques culturelles des
Français par le ministère de la Culture et d'une
quarantaine d'entretiens approfondis avec des
lecteurs assidus (ces «fans de polars» qui en
lisent plusieurs par mois), Annie Collovald et
Erik Neveu tentent de comprendre les raisons
de l'engouement pour les romans policiers.
De Simenon à Cornwell, de Daeninckx, Jonquet
ou Vargas à Menkell, Pears ou Camillieri,
rares sont en effet, les lecteurs qui n'ont
jamais fréquenté ces récits (qui représentent
un quart des livres achetés et lus). Quelle est
aujourd'hui l'offre de récits policiers ? Comment
se familiarise-t-on à ce genre littéraire ?
Quelles justifications, quels plaisirs les lecteurs
invoquent-ils ? Quelle évasion peut bien offrir
une littérature qui évoque le sang, la menace,
souvent les frontières noires du monde social ?
Et comment rendre compte des troublantes
coïncidences entre les ruptures biographiques
(mobilité sociale, drames personne(s) vécues
par bien des lecteurs et leur prédilection pour
le polar ? En rendant visible la capacité des
genres policiers à cumuler les attraits des
littératures de distraction, de savoir et de salut,
cette recherche, qui accompagne au plus près
la biographie et les pratiques des lecteurs, aide
aussi à comprendre les raisons d'un succès et
les cohérences d'un public pourtant bigarré.