"Je n'ignorais pas la réalité de la présence africaine à
Lisbonne, une présence vieille de cinq siècles, due
à l'esclavage, et que l'important afflux d'émigrés des pays
d'Afrique lusophone prolongeait aujourd'hui. Chaque fois
que la nécessité d'une recherche sur les explorations
portugaises le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest, ou
sur l'histoire du Cap-Vert, m'avait conduit à Lisbonne,
j'avais été amicalement détourné vers les lieux de vie de
la diaspora cap-verdienne. Mais l'idée de considérer la
présence africaine à Lisbonne comme sujet d'investigation
ne m'était pas venue. Soudain, elle s'imposait, révélée par
l'impérieuse volonté d'une «Maria Fantôme» à peine
imaginée, déjà disparue..."
(Extrait)
Attentif aux dialogues d'une méthode d'apprentissage de
la langue portugaise, Jean-Yves Loude note la disparition
de l'une des voix féminines après la soixante-quinzième
leçon consacrée aux grandes découvertes des marins
portugais. Cette étrange absence suscite son départ à
Lisbonne. Fort des contacts africains noués dans ses
précédents voyages, l'auteur devenu enquêteur évolue
dès lors, et pour des mois, dans la Lisbonne actuelle de
l'émigration. Il rend visibles les apports culturels des Cap-Verdiens,
Angolais, Guinéens, Mozambicains et donne
voix à cette communauté restée longtemps silencieuse.
Fouineur de l'histoire ancienne au gré d'un jeu de cache-cache,
il nous livre conjointement une Lisbonne qui fut
durant des siècles la capitale d'Europe la plus influencée
par l'Afrique. Eléments juridiques, événements historiques,
détails de tableaux ou de sculptures, indices architecturaux
ajoutent au présent l'écho du passé. En compagnie de
l'érudit voyageur, qui sait aussi s'arrêter pour déguster
cuisines et musiques, nous revisitons Lisbonne et
atteignons des replis méconnus.