Cet ouvrage examine les enjeux du livre pour enfants dans une revue pédagogique communiste, L'École et la Nation, au cours de la décennie 1960. Les chroniques des « Livres pour enfants », écrites par Natha Caputo puis par Bernard Epin, se révèlent pionnières, à une époque où la littérature enfantine occupe une place mineure, comme le confirme l'étude, pour la même période, du grand journal culturel Les Lettres françaises dirigé par Aragon.
Ces chroniques sont examinées selon une triple perspective. La perspective historique envisage le contexte de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse ainsi que les rapports évolutifs entretenus par le PCF avec la littérature pour enfants des années 1920 jusqu'à la fin des années 1960. La perspective scolaire situe ces chroniques, destinées aux instituteurs et institutrices, dans un contexte marqué par des réformes réalisées ou envisagées et par l'usage à l'école de la littérature pour enfants (rôle des bibliothèques scolaires, listes préconisées pour la distribution des prix, etc.). La perspective culturelle retrace l'engagement de militants du livre pour enfants, le rôle de certains éditeurs, l'émergence de bibliothèques spécialisées ainsi que l'avènement progressif de ce que l'on appellera bientôt la littérature de jeunesse.
Ces chroniques rendent ainsi compte d'une conception humaniste du livre pour enfants et affirment le rôle émancipateur de la culture.