Le lobbying, qui regroupe les activités des groupes d'intérêt destinées à influencer les décisions des autorités publiques en leur faveur, a connu récemment un fulgurant essor. Si la pratique est ancienne, la culture politique issue de la Révolution, hostile aux intérêts particuliers, l'avait relégué dans l'informel, sans le faire disparaître : il revenait à l'État seul le soin de définir l'intérêt général. La démocratisation de l'État a par la suite favorisé le développement du lobbying. Elle a démultiplié les institutions politiques et administratives dans lesquelles les intérêts de plus en plus variés peuvent intervenir et diversifié les vecteurs par lesquels il est possible d'entrer en contact avec les décideurs et de les intéresser à leurs causes. Parallèlement, le développement de l'influence des médias sur les citoyens dans la démocratie d'opinion a ouvert au lobbyiste un vaste répertoire d'action qui permet de peser sur les décideurs en réalisant des campagnes de presse, en influant sur les choix des électeurs et en réalisant des opérations qui les prennent pour cibles.
Retraçant l'histoire du lobbying, cet ouvrage s'attache d'abord à analyser les transformations institutionnelles et idéologiques qui ont favorisé sa promotion et examine la façon dont les groupes d'intérêts qui lui préféraient d'autres formes d'action s'y sont peu à peu convertis. Il étudie ensuite les répertoires d'action du lobbying et les logiques qui conduisent progressivement à la construction d'un groupe de lobbyistes professionnels dont l'identité reste incertaine et la légitimité contestée. Il s'intéresse enfin à la régulation du lobbying, qui a connu une spectaculaire avancée avec la définition par la loi du 9 décembre 2016 (loi Sapin II) du représentant d'intérêts et sa soumission à des obligations de transparence dont le respect est contrôlé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.