«Il n'y avait pas pire humiliation qu'un
mauvais papier d'un critique de New York pour
un producteur de cinéma. Dès lors il devenait
un paria à Hollywood. Ses amis le fuyaient, il
mettait la clé sous la porte et, tel un Japonais se
faisant hara-kiri, il se condamnait au sati. Le film
était brûlé en place publique et le malheureux
producteur, suivi de ses épouses, réalisateurs,
acteurs et autres techniciens, s'immolait dans cet
impressionnant feu de joie. Seuls les scénaristes
en étaient exemptés. Pour leur part, ils étaient
attachés aux queues de deux fougueux chevaux
caucasiens que l'on entraînait ensuite dans des
directions opposées. Cette coutume s'appelait
"une conférence".»
Premier tome de l'anthologie des meilleures
nouvelles de S.J. Perelman, L'OEil de l'idole
regroupe vingt textes pour l'essentiel inédits où
éclate le génie comique du grand humoriste
américain. Perelman y fait feu de tout bois avec
une drôlerie irrésistible - qu'il narre ses hilarantes
pérégrinations à Hollywood ou en Malaisie, se
lance dans des considérations incongrues sur les
moustachus ou les collectionneurs d'araignées,
s'amuse à parodier les pulps anticommunistes,
les romans existentialistes de Dostoïevski ou les
detective stories de Chandler.