Dans les aéroports, dans les gares, sur internet
ou en traversant la rue, à la boulangerie, dans nos rêves,
le jour ou la nuit, au boulot, à l'école, chez ma mère,
en vacances, au supermarché, au café, à la radio, à la télé,
dans le hall, dans le jardin, à la piscine, on nous canalise,
on nous empêche, on nous incite, on nous fait comprendre,
on nous scanne, on nous demande de rester de l'autre côté
de la ligne qui est là, on nous dévisage, on nous demande
d'être ressemblant, on nous touche, on nous regarde
dans le sac, on nous réclame la carte, on nous réclame
l'autre carte, puis un justificatif, on nous demande de retirer
le casque, on nous laisse attendre dans le sas, on nous
regarde en coin, on nous fait inscrire notre nom là, et là,
et là, on nous demande de ne pas sourire, on nous fait prendre
un numéro, on exige qu'on reste à notre place dans la file.
C'est ainsi, partout. Sauf au coeur de la littérature, la vraie,
la grande. Elle échappait à cet air du temps, c'est terminé.
Voilà quelques incipits de grands textes, introductions souvent
fameuses, transformés légèrement et systématiquement.
Et augmentés d'un léger suspense. Pour raisons de sécurité,
évidemment.