Trois figures prétendent aujourd'hui incarner l'Oumma - la communauté
des croyants - au Moyen-Orient. Le «résistant» se réclame d'un islam
révolutionnaire aux accents tiers-mondistes pour réduire l'influence occidentale
dans la région. Grâce au soutien de la République islamique d'Iran,
il bâtit un appareil de pouvoir qui relie Téhéran aux rives orientales de la
Méditerranée. Le «combattant du jihad» s'exprime également au nom
d'une Oumma entravée par l'Occident, mais, sans inscription dans le système
régional, sans base sociale reconnue, il privilégie l'action clandestine
terroriste au moyen de solidarités nouées par-delà les frontières. Le simple
«combattant», enfin, récuse les définitions régionales et transnationales de
l'Oumma au profit d'une conception locale ou nationale de la communauté ;
il recherche volontiers le soutien de la communauté internationale, au risque
de passer pour un traître auprès des deux figures précédentes.
Si la lutte s'est étendue à la Palestine et à l'Irak, c'est d'abord sur le sol
libanais que ces trois modèles d'engagement se sont affrontés avec le plus
d'intensité depuis plus d'une dizaine d'années. Ce livre décrit en détail l'une
des arènes les plus violentes de ce conflit : le milieu des militants sunnites au
nord du Liban. Au-delà du seul cas libanais, il restitue les enjeux de l'avenir
politique et culturel du Moyen-Orient.