De 1941 à 1944, des notables juifs français, dans l'espoir de protéger les leurs, ont facilité les basses oeuvres des nazis et de la police de Vichy.
Cet ouvrage d'une douloureuse lucidité montre comment les membres importants de l'Ugif (Union générale des Israélites de France) ont participé à la mise en place d'une organisation qui permit l'intensification de la répression antijuive.
Au nom de la politique du moindre mal, ces dirigeants ont accepté les lois antisémites et appliqué les directives de Vichy. Cette politique dont le but essentiel était d'éviter que la répression ne frappe les Juifs français permettra, dans un premier temps, d'isoler les Juifs étrangers et de mieux les désigner aux coups des nazis et de la police. Certains iront jusqu'à la collaboration active. Aucun d'entre eux ne sera épargné et les principaux acteurs de cette organisation seront, à leur tour, arrêtés et déportés.
La préface du grand historien que fut Pierre Vidal-Naquet illustre parfaitement l'importance de ce livre et des débats qu'il a suscité lors de sa première publication en 1980.
Le 16 juillet 1942, Maurice Rajsfus a quatorze ans. Il est arrêté par la police française, avec sa soeur et ses parents lors de la rafle du Vél' d'Hiv. Les deux enfants sont finalement libérés à la faveur d'une série d'ordres et de contrordres, ils ne reverront jamais leurs parents. Dès lors, Il n'a de cesse, jusqu'à sa mort en juin 2020, d'interroger la période et ses acteurs. Il a été le premier à démonter, sources à l'appui, la mécanique infernale de ce Judenrat à la française.
« En France, la grande responsabilité des notables juifs aura surtout résidé [...] dans leur incrédulité face au danger car les persécutions ne pouvaient concerner, à leurs yeux, que les métèques. C'est ce raisonnement qui devait conduire les notables à pratiquer la politique du moindre mal. »