Ninon Grangé aborde l’état d’exception sous l’angle philosophique. L’ouvrage se consacre à une analyse diachronique en se référant à des textes d’histoire du droit et aux généalogies qui ont pu être proposées, et à une analyse synchronique qui s’appuie sur des sources philosophiques, sociologiques et politistes. La réduction et la suppression des libertés ne sont que la partie émergée de l’état d’exception tel qu’il a été récemment mis en place dans différents pays. Dans son appréhension philosophique, il révèle des aspects du politique qui, dans le temps ordinaire que l’on croit linéaire, sont invisibles. L’ouvrage dessine une trame historique qui ramène l’état d’exception à son origine, l’état de siège qui, étonnamment, ne distingue plus guerre civile et guerre extérieure. Grâce à cet indice d’une ambivalence imprégnant d’emblée l’état d’exception, sont analysées différentes instrumentalisations : l’amalgame avec la guerre civile, l’idée de dictature, le non-droit. Ce livre se propose de montrer que le politique est toujours une manière d’imposer une temporalité contre d’autres temporalités, à la fois dévoilées et recouvertes par l’état d’exception.