De leur vivant, les saints ne savent pas qu'ils
vont être des saints. Un tel péché d'orgueil leur
interdirait l'entrée de ce club d'immortels incomparables.
Qu'ils soient illuminés par la grâce ou
s'avancent dans les ténèbres du doute, qu'ils
endurent le martyre ou accomplissent des miracles,
ce sont d'abord des mortels, comme nous
plongés en ce bas monde et célébrant le Très-Haut.
Élus entre les fidèles, ils luttent pour tous.
Aussi, quand ils s'élèvent enfin, ils ne s'effacent
pas pour autant de notre horizon. Leurs légendes
merveilleuses nous accompagnent, leurs noms
nous protègent dans l'épreuve, ils écoutent nos
prières, du moins l'espérons-nous.
En Occident, ils sont des milliers, parfois oubliés.
Certains toutefois sont plus vénérés que
d'autres, que la mythologie populaire tient pour
des «intercesseurs» auprès du Ciel, des passeurs
entre le réel et l'impossible. Le calendrier fête
ainsi chaque jour leur présence parmi nous et le
mystérieux don posthume qu'ils nous accordent
depuis l'Au-Delà : l'usage de leur sainteté.