Poète, conteur, romancier, essayiste, Henri Heine (1797-1856)
fut aussi l'un des journalistes les plus percutants
du premier XIXe siècle. Allemand de naissance et français
d'adoption, aristocrate par goût et démocrate par principe,
romantique et voltairien, libéral et monarchiste,
Heine réunit en lui tous les contrastes, à l'image de son
temps sur lequel il pose un regard critique et désenchanté.
Lutèce rassemble une sélection des 82 articles envoyés
à la Gazette d'Augsbourg de 1840 à 1844. Ils brossent un
tableau vivant de Paris, capitale culturelle de l'Europe,
où Heine passa près de la moitié de sa vie.
Ami des artistes les plus célèbres, familier des salles de
concert, des théâtres et des Salons de peinture, médiateur
intellectuel entre Français et Allemands, il porte un
regard ironique sur l'époque. Quand la France de la
monarchie de Juillet semble s'enliser dans le conservatisme,
Heine met l'accent sur l'effervescence républicaine
et la question sociale. Il refuse de croire que l'ère des
révolutions est terminée, en France comme en Europe.
Chantre de l'émancipation de l'humanité, il voit venir de
loin l'insurrection et ses chroniques annoncent l'émergence
du «printemps des peuples» de 1848.