Cela se passe en 1986.
Face à la mer vit un homme qui s'est retiré dans une modeste maison avec la femme qu'il aime. Tous deux ne pensent qu'à l'amour, la voile, à survivre.
Sort enviable ? Simple mirage au bord même du cauchemar : les océans ne sont plus qu'un seul égout, la terre et les airs un seul magma de pollution meurtrière.
Depuis les années 80, une impitoyable censure occulte la terrifiante réalité et le pouvoir, dont personne ne connaît plus la couleur exacte, n'a qu'un seul souci : demeurer dans l'ombre et en équilibre au bord du gouffre inéluctable.
L'épouvante quotidienne filtre malgré tout, à travers tout : la pollulose tue sans faire de détail, l'espérance de vie est tombée à 45 ans, mais l'industrie gargouille toujours ses poissons alors que le commerce, rongé par une crise de plus en plus pernicieuse, croule dans le délabrement. Une canicule de printemps va jouer le rôle d'un détonateur. Et, en mai 86, avec la force d'une gigantesque lame de fond, les hommes passent à l'action, en marge de toute idée de parti, sans discours, simplement poussés par la lucidité et la peur de crever. Non plus dans vingt ou trente ans, mais dans la semaine à venir.
Jacques Sternberg aime bien la spéculation qui donne à rêver. En 56, il parlait déjà de pollution et, en 65, de révolution sexuelle. En 78, il imagine un monde où le seul pouvoir sera celui de la grande trouille et de la volonté de survivre.
Ce mai 86, vécu par un couple de refuseurs professionnels que l'écroulement de tout un monde fait sourire, n'est pas seulement un chant d'amour de la vie, de la mer, et de l'individu. C'est aussi un violent cru de haine contre la politique, les gouvernements, le fric et la promotion. Un nouveau genre en somme : un livre d'apolitique-fiction.