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Depuis plusieurs années, les «nouveaux réalismes» sont au cœur d’un vif débat philosophique. Ce livre y prend part en faisant la critique de l’une de leurs principales variétés, le «matérialisme spéculatif» de Quentin Meillassoux (auteur, en 2006, de Après la finitude). Il s’oppose à cette doctrine sur trois points. Loin d’être un «étrange savoir» de philosophes ignorant les sciences, l’idée que les connaissances sont relatives au langage, à l’action et à la situation – voire à ce que l’on vit à présent – est la clé pour comprendre les théories physiques. Loin de valoir «indépendamment des chercheurs», les faits «ancestraux» dont aucun être humain n’a pu être le témoin (comme le Big Bang) n’acquièrent leur sens que relativement à la recherche actuelle de leurs traces. Loin d’être pensable, l’absolu demeure dans l’angle mort du savoir rationnel. L’absolu n’a d’ailleurs pas besoin d’être pensé pour être envisagé ; il se manifeste comme un saisissement silencieux, comme le choc de percevoir à l’instant la souveraine contingence de ce qu’il y a. En voulant réfuter le constat kantien de la finitude humaine, le matérialisme spéculatif débouche ainsi, contre son gré, sur une finitude plus extrême encore : celle de l’expérience présente singulière. Par sa critique épistémologique, Michel Bitbol rétablit la réflexion philosophique contemporaine sur des bases sûres. Il montre que nulle spéculation, métaphysique ou post-métaphysique, ne peut prétendre à la connaissance. Et il confie l’absolu à l’ouverture contemplative.