Mais il reviendra le temps des cerises
Mais il reviendra le temps des cerises évoque la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et, plus particulièrement, la campagne de Normandie du 2e bataillon des Mobiles de l'Ardèche, ainsi que la participation d'une de ses compagnies à la Commune de Narbonne. Le conflit, décrit au quotidien dans une suite d'anecdotes et de dialogues, fait apparaître la désorganisation et l'impréparation des forces françaises, à la limite de l'absurde. En rapprochant plus ou moins explicitement cette « drôle de guerre » de celle de 1940, le narrateur implique, au-delà des deux confrontations, l'avènement et la permanence en France d'un parti de l'ordre, de 1848 à nos jours. Cette vision est portée par un sergent anarchiste, adhérent de l'Association internationale des travailleurs récemment créée, qui, au sein de la 3e compagnie du bataillon, éveille la conscience politique non seulement d'un petit groupe de ses camarades mais aussi - et surtout - celle de son lieutenant.
Envoyée à Narbonne, après la paix déshonorante de mars 1871, pour participer à la répression de la Commune, la 3e compagnie rejoint les rangs des révoltés. Le lieutenant et le sergent laissent la vie au cours de l'affrontement.
Cette superposition des divers temps de l'Histoire se retrouve dans la façon dont se construit le texte. L'auteur dialogue en effet à travers le temps aussi bien avec ses personnages qu'avec ses publics successifs. Ce dialogue produit des niveaux de récit et de lecture qui s'emboîtent les uns dans les autres et les modalités bien particulières de ce jeu entre l'écriture et la lecture ouvrent différentes perspectives dans la narration. C'est ainsi que le traitement de l'anecdote historique renouvelle en profondeur les codes de la fiction romanesque.