«Dans cet instant de faux, on voit le vrai. Au maquillage,
chaque matin à la télévision, j'observe mon invité politique qui
se réveille, reprend contact avec le réel, aiguise une petite
phrase, fourbit une idée. La peau se maquille, mais le cuir ne
ment pas.
Plus tard, ailleurs, il y a les moments volés à l'actualité, sans
précipitation ni téléphone : rencontres discrètes, confidences
«off the record», complicités et engueulades. Les tourbillons de
la vie et de la politique en ont emporté plus d'un : DSK englouti
dans le sordide ; Borloo noyé dans sa propre hésitation ; Ségolène
et Martine balayées par la primaire ; quelques figurants détruits
par leur quart d'heure warholien.
Et puis il y a le «héros», ou plutôt l'antihéros, de cette pièce
où les meilleurs acteurs ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
A intervalles réguliers, j'ai rencontré Nicolas Sarkozy ces dernières
années, presque toujours à l'Elysée. Longs soliloques,
parties de cache-cache, passes d'armes, glace et feu. Et toujours,
le mystère de sa violence brumeuse.
Enfin, entre lui et moi, entre la politique et la vie, il y a Carla.
Le quinquennat s'achève, les lumières s'éteignent une à une,
les carnets se vident... Que la fête commence !»