Marguerite est née à Delle dans le Territoire de Belfort en 1900. Son père, employé
comme cocher et homme à tout faire chez un notable dellois, était d'origine
alsacienne et avait fui sa province natale après l'annexion de 1871.
La jeune fille suit d'abord l'enseignement donné par les soeurs, puis quitte l'école libre
à l'âge de douze ans pour travailler comme ouvrière dans les usines locales.
Après la guerre, en 1918, elle répond aux sollicitations d'une cousine placée à Paris
et part pour la capitale. Elle entre au service de la comtesse de Noblet d'Anglure en
tant que femme de chambre. Attirée par la cuisine, elle change de maître, suit les cours
du Cordon bleu et devient cuisinière. Elle a une fille qu'elle doit d'abord mettre en
nourrice et que ses parents recueillent à Delle par la suite.
A travers les différentes places que Marguerite occupe alors, elle fait connaissance
avec la vie des domestiques parisiens. Elle sert des bourgeois déchus tentant de tenir
un rang qui n'est plus le leur ; elle officie dans des maisons où le nombreux personnel
accompagne madame et les enfants aux bains de mer, en Normandie, ou aux eaux, à
La Bourboule. Dans le Paris de la Belle Epoque, elle découvre les bonnes manières, les
usages, la mode d'alors...
Après dix années passées au service des autres, elle revient à Delle, retrouve l'usine
SID, la fabrication des épingles et une condition ouvrière en pleine mutation.
Ce livre, à travers les souvenirs de Marguerite et les documents qu'elle a conservés,
évoque de façon touchante une vie qui fut celle de nombreuses jeunes filles d'origine
rurale attirées par le mirage de la capitale à l'aube du XXe siècle.