Maria Chapdelaine
C'est un roman sans héros : juste des personnages. C'est un
roman sans emphase : juste un récit. C'est le roman des racines,
qui n'ont ni la gaie couleur des fleurs, ni la majesté onduleuse des
frondaisons, ni l'élancement des futs puissants... mais qui, dans
la forêt obscure et la lointaine histoire de ces Canadiens français,
dessinent pour une Maria allégorique une raison de vivre, une
raison d'être, une raison de prendre le relais de ceux de sa race,
comme dit Hémon, dans leur patiente et endurante marche vers
un but auquel, librement, ils se soumettent, comme on se soumet
à une évidence que l'on ne comprend pas très bien, mais évidence
quand même car enfantée et nourrie par tant de générations qui,
passées et disparues, vivent encore dans ce halo, ce substrat, cette
matière noire de l'Homme, invisible et impalpable, sans quoi rien
n'existerait, rien ne résisterait aux vents de la vie : nos racines.