Le débat autour du mariage pour tous a irrigué le débat public depuis le début des années 2000, juste après l'adoption du pacte civil de solidarité. Le mariage de Bègles, le 5 juin 2004, a accéléré son inscription à l'agenda politique. Les forces politiques progressistes ont peu à peu intégré ce projet de réforme à leur programme tandis que les forces conservatrices hésitaient à le combattre frontalement, cherchant des dérivatifs dans des projets euphémisants comme une « union civile » aux contours demeurés flous. Le débat s'est finalement cristallisé dans les derniers mois de 2012 et les premiers mois de 2013 autour du travail du parlement sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe présenté par le gouvernement Ayrault le 7 novembre 2012.
Instant politique violent, il a vu surgir une parole haineuse débridée complaisamment relayée dans les médias de masse au nom du « débat contradictoire » et un mouvement nébuleux, dans son organisation et son financement, « La manif pour tous ». Cette période a engendré une forte recrudescence des actes de haine anti-LGBT, violences, injures, discriminations. Dix ans après, et alors que l'existence même de cette disposition légale ne fait plus débat, que bon nombre de responsables politiques qui s'y sont opposés avec virulence cherchent à faire oublier leurs positions d'hier, nous avons voulu recueillir les souvenirs de ce temps politique.