La comédie musicale du prix Nobel de Sainte Lucie (1992), Derek Walcott, a longtemps dormi dans des archives, mais la femme qui inspira le personnage demeure une célébrité en Louisiane, figure de proue d’un folklore populaire, émanation littéralement magique de contes oraux encore vivaces. À l’image de la Nouvelle-Orléans qui la vit naître, Marie Laveau (1792?-1881), métisse libre avec du sang européen, africain et amérindien, "bâtarde affranchie", "Conçue entre les cuisses éméchées d’un pêcheur Cajun et d’une lavandière effarouchée", est un personnage de Carnaval, être de musique, "négresse" qui s’invente Cléopâtre, femme de pouvoir mais aussi d’humiliation aux mains à la fois des hommes et des Blancs. Marie est tragique et comique tour à tour, shakespearienne tardive, caribéenne dans l’âme, éternellement actuelle.
Jamais traduite à ce jour, cette pièce méritait absolument une traduction dans la langue de Molière.
Traduction du collectif Passages, sous la direction de Nicole Ollier