"Traduction" d’un livret en latin qui porte le même nom, l’Apologie pour Hérodote étend à l’actualité du XVIe siècle les abus dont Henri Estienne avait cherché des témoignages dans l’Antiquité pour accréditer la véracité de l’Enquête d’Hérodote. Même s’il se plaît à dénoncer les turpitudes morales de son époque et l’obscurantisme intellectuel qu’a imposé l’Eglise catholique, le livre d’Estienne va bien au-delà de la polémique. Estienne propose une méthode critique qui emprunte à l’historien son approche : il recoupe les témoignages ou les différentes versions d’un conte; il compare les mythes poétiques – comme celui de l’Age d’or – aux récits des historiens, et il s’efforce de découvrir une vérité commune à la poésie et à l’histoire. Cette démarche de questionnement et de recherche interdit donc de réduire la portée de l’Apologie à celle d’un texte de circonstances ou même d’une satire.