Né à Alger en 1927, Martial Solal est assurément l'un des musiciens
qui ont doté le jazz d'une nouvelle identité stylistique, marquée par
l'Europe. Il faut déceler plus qu'un hasard dans le fait que la dernière
séance d'enregistrement de Django Reinhardt fut aussi, au printemps
de 1953, la première pour le pianiste. Le grand compositeur, musicologue
et écrivain André Hodeir voit en Martial Solal un improvisateur
sans égal en Europe. Par sa liberté tonale, son effervescence rythmique
faite de ruptures, de bifurcations incessantes, la musique de
Martial Solal (qu'elle soit écrite ou improvisée) accomplit ce qui fut
depuis toujours son ambition musicale : doter le jazz du langage et des
oeuvres qu'il mérite, à hauteur même de l'importance d'une musique
qui n'a jamais cessé de se transformer, depuis sa naissance à l'orée du
XXe siècle.
C'est chez lui, dans sa maison de Chatou, que Martial Solal nous a
accordé cet entretien. Il y évoque très largement sa vie, son parcours
musical, ses rencontres, sa perception du jazz, de son histoire, et la
place de son instrument, le piano, dans cette large mise en perspective.
Xavier Prévost est producteur à France Musique depuis 1982. Il a
collaboré à la presse musicale (notamment Jazz Magazine), au
Dictionnaire du jazz (Robert Laffont), et à l'Encyclopoedia Universalis.
Membre du comité éditorial des Cahiers du jazz (seconde série, PUF,
1994-1997), de l'Académie Charles Cros et de l'Académie du jazz, il a
également publié quelques textes consacrés à la littérature (Nouvelle
Revue Française, Revue des Sciences Humaines...).
Les livres de cette collection, coéditée avec l'Ina, sont accompagnés
d'un DVD-Rom qui permet l'exploration interactive de l'intégralité de
l'entretien filmé.