Au-delà de leurs spécificités, sorties de masques en Afrique
subsaharienne et carnavals dans les Caraïbes se vivent
comme des rituels, des moments partagés, au sein desquels se
renforcent les liens d'un groupe. Cette thématique souligne les
caractéristiques essentielles des mascarades et des pratiques
carnavalesques avec leurs enjeux, symboliques, religieux, sociaux,
politiques et esthétiques.
Ce livre, qui souhaite faire découvrir à un large public des univers
extrêmement riches, privilégie des approches complémentaires.
Les auteurs - anthropologues, ethnologues et sociologues - se sont
attachés à rendre compte des rôles des masques, des costumes et
des travestissements dans la transformation des individus.
Les mascarades constituent de véritables performances, des mises
en scène qui occupent une place importante dans la cohésion
sociale. En Afrique, les masques apparaissent fréquemment dans
des contextes liés à l'initiation et au pouvoir masculin. Cependant,
le terme de «mascarade» recouvre des pratiques très différentes
où la fonction didactique côtoie le divertissement.
De même, aux Antilles, en Guyane et au Brésil, se sont développés
des carnavals qui disent l'histoire d'un pays, sa diversité, et
constituent souvent des stratégies de reconnaissance identitaire.
Ces phénomènes urbains, ainsi que les mascarades qui gagnent les
villes africaines pour de grandes festivités, nourrissent fortement
les imaginaires. Les productions témoignent de croyances et de
savoir-faire qui ne sont nullement figés. En effet, les carnavaliers
et les porteurs de masques adaptent leurs pratiques et leurs
instruments à l'inspiration du moment et aux matériaux dont
ils disposent. Leurs créations traduisent de plus en plus souvent
un regard moderne porté sur le monde, bien au-delà de leurs
propres sociétés.