Un stigmate, au sens originel, c'est une marque corporelle, gravée
selon une pratique très ancienne au couteau ou au fer rouge. Le
stigmate identifiait son porteur - criminel, félon - et était à la fois le
témoin et le moyen de sa mise au ban. Dans nos sociétés modernes, des
stéréotypes, une perception péjorative de la différence, une «mauvaise
réputation» sont trop souvent encore accolés à de nombreuses catégories
de personnes - étrangers, obèses, SDF, handicapés, gens du voyage, etc.
- et fonctionnent comme autant de stigmates contribuant à leur
exclusion.
Le fait est connu. Ce qui l'est moins, et qu'il est pourtant essentiel de
prendre en compte si l'on veut sortir de la condescendance et du discours
idéologique, même bien intentionné, c'est la manière dont les stigmatisés
voient le monde environnant, ce qu'ils ressentent, l'opinion qu'ils ont
d'eux-mêmes, les stratégies qu'ils mettent en place pour échapper à ce
stigmate, ou en jouer face à la société.
Première synthèse des recherches de psychologie sociale sur la
stigmatisation, le présent ouvrage aborde de front cette problématique.
Au fil d'un parcours toujours respectueux - sous l'angle épistémologique
comme sous l'angle éthique - des groupes et individus étudiés, il casse
les à-peu-près, démonte les visions faussées et montre que les effets de
la stigmatisation sont beaucoup plus subtils, complexes et pernicieux
encore qu'il n'y paraît au premier abord.