Tout avait commencé par ce numéro tatoué dont j'avais
oublié la combinaison. Pour le retrouver, ou parce que, trop désabusée,
je m'étais enfoncée dans le royaume des morts. Moins
pour lui que pour moi, à dire vrai. Pour que je puisse m'en
sortir. Remonter à la surface. Donner un sens. Parce que je savais
aussi que Max en avait payé le prix, mais qu'il s'en était donné
à coeur joie.
En apparence, Max avait laissé Auschwitz derrière
lui. Une histoire ancienne qui avait fini par s'effacer
comme, dans le souvenir de Nathalie Skowronek, le
numéro tatoué sur le bras de son grand-père.
Max était à présent un homme d'affaires, qui,
associé à Pavel, son vieil ami des camps, trafiquait
par-dessus le mur de Berlin pour alimenter la nomenklatura
d'Allemagne de l'Est en produits de luxe.
Tout allait pour le mieux.
En apparence seulement.
Car Max, chaque matin, faisait le tour du zoo
de Berlin, avec dans ses poches ses pilules, et un petit
sac de diamants.