Il y a un paradoxe de la mécanique quantique : voilà une théorie
considérable de la physique contemporaine dont on est bien
en peine de dire sur quoi elle porte et ce qu'elle signifie,
car cela même ne va pas de soi. Le but de ce livre est de tenter
d'élucider ce paradoxe. Pour cela, il convient de refaire table
rase. Dans un premier temps, l'auteur entend n'appuyer
sa construction que sur les certitudes tacites et les normes qui
conditionnent la vie, la communication, et le travail au laboratoire.
Cette façon de reconduire l'oeuvre théorique aux gestes
élémentaires du chercheur doit cependant éviter
de n'aboutir qu'à un «empirisme dénué de sens» (Einstein).
L'ouvrage apporte deux sortes de réponses à une telle critique.
D'une part, on s'aperçoit que la forme de la théorie, loin d'être
conditionnée par la seule nécessité de «sauver les phénomènes»,
reflète de manière contraignante les conditions de possibilités
d'un certain mode très général d'anticipation et d'objectivation
des résultats expérimentaux. La «quantification» et les effets
ondulatoires apparaissent pouvoir découler de ces conditions.
D'autre part, si la référence, l'acte de visée vers un au-delà
des manipulations instrumentales, ont été bloqués d'abord,
ce n'était que pour mieux dégager les critères du choix qui peut
être effectué ensuite entre plusieurs représentations de l'objet
supposé de la physique quantique.