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« [À Waterloo], j’avais en moi l’instinct d’une issue malheureuse, non que cela ait influé en rien sur mes déterminations ; mais toutefois j’en portais le sentiment au-dedans de moi. » NAPOLEON BONAPARTE
Dans les dernières années de sa vie, Napoléon a dicté ses mémoires. Ces textes ne doivent pas être confondus avec les souvenirs de ses compagnons d’exil dont le succès a parfois fait oublier le témoignage direct de l’Empereur sur sa propre carrière. Conscient du caractère exceptionnel de son destin, il ne voulait laisser à personne le soin de le raconter ou de l’interpréter. Et dans cette bataille pour la postérité, il a, comme de coutume, tout organisé, tout contrôlé, tout décidé. Pendant plus de cinq ans, il a été à la tête d’une véritable fabrique de l’histoire. Soigneusement composés, relus et corrigés par Napoléon en personne, ces mémoires constituent, si l’on ose dire, le point de vue du principal acteur de l’épopée sur plusieurs étapes importantes de son parcours. On comprend mal, dès lors, que cet ensemble n’ait pas été réédité depuis plus de cent ans. Le troisième tome des Mémoires s’ouvre sur l’abdication de l’Empereur, contraint de quitter Fontainebleau pour l’Île d’Elbe. Cet exil forcé n’entrave en rien l’esprit de conquête de Napoléon qui ne pense qu’à son retour à Paris. Après une campagne de presque cent jours et le désastre de Waterloo, l’aventure impériale s’achève finalement par son bannissement sur l’Île de Sainte-Hélène, où il dictera ses mémoires. Alors que les puissances européennes, après le sursaut des Cent-Jours, cherchent à affaiblir la France, l’empereur déchu met un point d’honneur à raconter son retour de l’Île d’Elbe, ses Cent-Jours et son Waterloo dans « une sorte d’ouvrage national, écrit en entier à la gloire de la France » qui clôt la série de ses mémoires.