Transmettre la mémoire d'une famille réduite par l'Histoire à sa dimension la plus simple : le père, la mère et deux enfants, c'est ce dont il s'agit ici.
L'auteur a rassemblé les souvenirs de ses parents et les siens pour ses proches et pour les générations à venir.
S'il y a un mot qui décrit au plus près cette famille, c'est bien « l'exil » aux origines à chercher ailleurs que dans ce pays où les deux derniers enfants sont nés, héritiers de racines qui leur sont devenues étrangères tout en restant bien vivantes : l'Allemagne où les retours répétés laissent comme un goût à la fois familier et étrange ; une filiation maternelle avec un passé juif qui sans jamais avoir été pesant a toujours été présent.
L'auteur comme son frère est les héritiers de parents engagés contre le nazisme, l'antisémitisme et le totalitarisme stalinien.
Une phrase d'André Gorz illustre bien leur attitude : « Il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. Il faut oser l'Exode. »
Aller voir ailleurs à la recherche de la communauté humaine semble avoir été une pratique bien ancrée ; une errance faite de rencontres magnifiques, de discussions exaltantes, de regards étonnés sur un monde qui change sans arrêt et qui porte en lui tous les espoirs.
Si ce monde se montre dur, cruel, impitoyable pour les faibles, il n'en reste pas moins que la naïveté qui habite ces errants les pousse à vouloir irrépressiblement le changement.