Une jeune mère juive, victime de l'Holocauste, vient reprocher à son fils, aujourd'hui trois fois plus âgé qu'elle, l'amour profond qu'il porte à sa marraine, la femme qui l'a caché pendant la guerre.
Très tôt orphelin, sans réelle possibilité de faire son deuil, il a donné une sorte de sépulture à sa mère à travers le visage de la femme qui l'a recueilli. L'errance de « l'Antigone des camps » aurait pu ainsi prendre fin ; elle aurait pu y trouver la paix avec elle-même. Mais c'était compter sans la jalousie de cette écorchée vive.
Loin des stéréotypes, Mère de guerre nous renvoie au jugement de Salomon : entre la maraine qui l'a sauvé et la mère disparue en déportation, le fils est sommé de choisir...
La mère : Tu n'as pas honte ? Aimer une autre ?
Le fils : Elle m'a sauvé la vie !
La mère : Ce n'est pas impossible à une vivante.
Le fils : Tu étais bien heureuse de trouver une si brave femme.
La mère : Je lui demandais de te garder, pas de te prendre.
Le fils : Tu aurais voulu qu'elle ne m'aime pas ?
La mère : Elle a pris avantage de mon éloignement.
Le fils : Mais tu n'étais pas là !
La mère : Réproche-le-moi.
Le fils : Elle ne savait pas où tu étais.
La mère : Elle s'en doutait.
Le fils : Elle ne se réjouissant pas de ton absence mais de ma présence.
La mère : Elle aurait été bien contrarié par ma présence.
Le fils : C'est toi qui m'as mis là-bas.
La mère : Elle a volé un enfant à une morte.
Le fils : Comment ne peux-tu pas te réjouir que, malgré ta perte, je n'aie pas tout perdu ?
La mère : C'est une mère qui doit aimer son enfant. Non une étrangère !
Le fils : Mais je n'avais plus de mère.
La mère : Comment le saviez-vous ?
Le fils : Je sais que je ne sais rien de toi.
La mère : Je peux te raconter ta naissance, moi.
Le fils : Mais c'est tout.
La mère : Oui, c'est tout. Le reste n'est rien.