La mer a d'abord été un espace géographique bien réel dans la vie de Chateaubriand. En ouvrant le monde grand large devant son regard, elle autorisait une manière singulière d'en prendre possession. L'écriture des Mémoires d'outre-tombe a épousé le rythme de la mer, ses harmonies d'immensité, on croit toujours entendre au loin comme le bruit du ressac. Chateaubriand semble lire le monde à travers un filtre et lui conférer instinctivement les teintes, les arrière-plans, propres aux rivages quittés. Il se demandait avec anxiété si les Mémoires resteraient lisibles à la postérité. Mais l'écriture et la mer renvoient à une même conception de l'éternité : elles écrivent en lettres temporaires des chants qui durent toujours.