Mes vérités
Colette a porté sur le monde un regard de femme assez fort pour imposer un style à la fois classique et singulier, que Cocteau comparait à celui de La Fontaine. Ses romans, de la série des Claudine aux oeuvres autobiographiques, en passant par le sulfureux Blé en herbe, ont séduit un public pour lequel elle est restée la veilleuse solitaire du Palais- Royal et de La Treille muscate, la Madone aux chats et la librettiste de Maurice Ravel. Colette aura mené une bataille quotidienne, durant son existence, avec un élan qui fit d'elle « la femme la plus libre du monde », selon Mac Orlan.
En 1949 et 1950, André Parinaud réalise avec Colette une série de trente-cinq entretiens radiophoniques plus vrais qu'une biographie. À cette époque, alors au zénith de sa célébrité, l'autrice de La Chatte n'écrit plus guère, préférant diriger l'édition de ses oeuvres complètes. De nouveaux personnages - Sido, Julie de Carneilhan - ont remplacé Claudine, Chéri, « la vagabonde » et « l'ingénue libertine ». Elle évoque dans ces conversations ses rencontres littéraires, mais aussi l'amour - « un sentiment qui n'est pas honorable » -, sa Bourgogne natale et son intimité avec la nature, l'une des clés de son oeuvre.