Mieux taire
Les poèmes tentent, en quelques mots, de toucher le silence qui pèse dans la langue. Puisqu'ils n'y parviennent jamais vraiment, on essaye d'autres poèmes, on recommence, on accumule. On raconte ce qui passe dans les jours qui passent, on avance, et l'on apprend, par la force des choses, que ce silence intouchable est déjà là, même avant nous, et qu'il écrase la moindre phrase sous d'autres phrases. On essaye pourtant des poèmes, encore, on sait juste qu'il faut le faire. Les mouches s'occupent du reste...
Parfois, pourtant, on trouve des compagnons de route. C'est ainsi que s'ajoute aux poèmes le silence des gouges de Jean-Michel Marchetti. Cinq linogravures d'une belle concision : une grosse mouche, une spirale, des mouches encore, toute une nuée, un hommage à Bram van Velde et un merle. Autant de balises qui jalonnent le quotidien. On voudrait les retenir et les fermer dans des phrases courtes, mais elles passent - on passe avec.