La couleur verte est faite pour symboliser la maudite fertilité de l'argent, sa fécondité contre-nature - l'alchimie de l'expropriation, le poids infini des privilégiés et du regard maçonnique. En transcendant sa propre textualité, il devient une pure représentation ; dès le tout début cependant, depuis les premiers jetons en argile ou pièces en électrum, l'argent n'était déjà rien d'autre qu'une dette, rien d'autre que de l'absence.
En 1996, quelques années après T.A.Z. et les Sermons radiophoniques, Hakim Bey rédige une série de textes sur la fin du XXe siècle, au moment de la chute du bloc communiste et de l'avènement d'un monde néolibéral, globalisé et standardisé. Ce nouveau millénaire est marqué par le règne d'un argent porteur de chaos qui partout ou presque s'est libéré des religions, des frontières et des États. Dans ce monde-là, la neutralité n'est pas une option envisageable. La culture et l'humain peuvent-ils survivre alors que nous nous acharnons à détruire le non-humain ? Et les nationalismes, les religions, quels effets exercent-ils ? Autant de questions qu'aborde Hakim Bey, convoquant tour à tour les théoriciens anarchistes, le soufisme, le millénarisme et l'anthropologie. Millenium apporte un éclairage original au spectacle désormais quotidien de la capitulation des États face au monde de la finance.